Rassurez vous ! Il ne s’agit pas du jeu télévisé de France 3
Je ne voudrais (pourrais) point substituer le présentateur Julien Lepers !
Je veux juste vous présenter un homme dont le parcours professionnel et les choix politiques m’ont profondément marqués.
J’imagine vous devez tous maîtriser le principe de ce jeu télévisé ? Je vais donc vous donner des indices et vous me direz à quel niveau vous aurez deviné le personnage.
Ok ? Trève de bavardage, place au jeu ….
- C’est un homme d’Etat uruguayen né à Montevideo le 20 mai 1935.
- Durant les années 1960, il fut l’un des fondateurs du groupe des Tupamaros, sortes de Robin des Bois uruguayens qui protégèrent le peuple contre les exactions des paramilitaires.
- Il a passé plus de 13 ans dans les geôles de la dictature (1973-1985), battu et humilié, mis à l’isolement total durant 9 ans, avec pour seule compagnie des insectes, privé de lecture durant 7 ans et il passera 2 ans au fond d’un puits.
- En 2010, à l’âge de 75 ans, il devient Président de la république pour 5 ans (il avait donc un an de moins que Nelson Mandela lors de sa prise de pouvoir en Afrique du Sud, Mandela avait 77 ans en 1994). Ainsi il fait parti des hommes politiques les plus âgé lors de sa prise de pouvoir.
- Anti-conformiste, refusant de jouer au président, il refusa la luxueuse résidence habituellement réservée aux présidents uruguayens pour rester dans une ferme de 45 m2 au bout d’un chemin de terre.
- Il refuse aussi toutes les voitures de fonction qui lui sont proposées, sa coccinelle bleue achetée en 1987 lui suffit amplement.
- Il détient le record du président le plus pauvre au monde avec 9300 Euro dont 90 % sont reversés à des œuvres caritatives en faveur des pauvres ou des petits entrepreneurs, vivant ainsi avec moins de 600 euros.
- Durant l’hiver 2011, il décide que le Palais présidentiel figurerait sur la liste des édifices publics servant au logement des SDF, et ceci après avoir appris que cinq uruguayens étaient décédés d’hypothermie parce que sans abris.
- Le 6 mai 2014, il a été le premier président au monde à légaliser la consommation, la culture et la commercialisation du cannabis, afin de mieux lutter contre le trafic de drogue.
Avez vous deviné le nom qui se cache derrière ces indices ? A partir de quelle question avez-vous résolu l’énigme ?
Le personnage qui se cache derrière ces indices n’est autre que José Alberto Mujica Cordano, surnommé « Pepe Mujica ».
Son histoire m’a profondément émue car il consacra sa jeunesse et sa vie au service de la société. Malgré les atroces tortures et souffrances qu’il subit en tant que prisonnier politique, il réussira à se relever et deviendra président de la république. Serait ce le début d’une vie luxueuse avec les émoluments de la république et le confort présidentiel ? Pas du tout ! Il demeura aussi humble et continuera à mener une vie des plus austère.
Un Epicure des temps modernes
Ce président atypique m’a fait penser à nos présidents africains qui s’accrochent au pouvoir comme des naufragés. Ils ne quittent le pouvoir, pour la plupart, qu’après un coup d’Etat, laissant leur pays dans le chaos à travers des crises post-électorales devenues monnaie-courante. Ces présidents possèdent des fortunes toutes plus faramineuses les unes que les autres alors que leur population meure et alors que la jeunesse coule au fond de la Méditerranée. Je ne déifie point Pepe Mujica, mais sa philosophie de vie contraste sur bien des points avec les autres présidents contemporains dont la folie des grandeurs fait la Une des journaux chaque jour.
De son expérience de guérillero, il aura retenu que : «la guerre est un recours barbare, préhistorique. Quelle que soit la cause de la guerre, ce sont toujours les mêmes qui en paient le prix, les plus faibles». Toutefois, « Je ne regrette pas ce que j’ai vécu, (sinon) je n’aurais jamais autant appris. Et dans la vie, on apprend beaucoup plus de la douleur et des échecs » nous déclare t-il. Car « les battus sont ceux qui cessent de lutter, les morts sont ceux qui ne luttent pas pour vivre». Et lorsqu’on lui a demandé ce que cela lui fait d’être l’ex-Président le plus pauvre au monde, il hausse les épaules. “Beaucoup de personnes sont pauvres, très pauvres, de par le monde. Moi, je ne suis pas pauvre, j’ai juste décidé de vivre de manière austère pour être plus proche de ceux qui le sont. Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté, mais celui du partage et de la sobriété“. Son futur projet est de « Continuer à vivre le plus longtemps possible ! C’est un miracle que je sois encore en vie après tout ce que j’ai vécu! Et puis lire aussi, lire beaucoup ! J’ai passé plus de 10 ans dans un cachot dont 7 sans pouvoir lire. J’ai du retard à rattraper ! “ déclare ce champion qui reconnait ainsi la puissance de la lecture dans la construction de l’homme.