Le Conseil Européen, le Parlement Européen, le Palais des Droits de l’homme européen…
Ces lieux, vous les connaissez déjà sans doute : soit par expérience, soit dans votre imaginaire.
Ces lieux désignent les sièges des plus grandes institutions européennes. C’est là que sont prises les plus grandes décisions engageant l’avenir de la communauté européenne. J’ai longtemps eu à en entendre parler dans les médias, à les regarder de par mon écran que parfois on croit y être. Mais la réalité a vite fait de nous rattraper.
Eh bien, l’Éternel m’a donné la chance de visiter, d’être au près de ces grandes institutions européennes et même de les toucher. Vous le devinerez déjà sans doute : j’ai été à Strasbourg. Beaucoup s’imaginerait, vu l’engouement (peut-être) que je dégage dans ce récit, qu’il s’agit là du parcours d’un africain dépaysé qui se retrouve invraisemblablement dans une ville et se laisse séduire par sa beauté. Mais loin s’en faut, bien qu’elle soit riche de par ses châteaux, ses monuments historiques, ses jardins et ses parcs, ce qui m’a le plus marqué de ce bref passage c’est l’empreinte symbolique de cette ville.
En effet, Strasbourg a été le théâtre de nombreux affrontements sanglants entre les Français et l’Allemagne.
Partie intégrante de l’Alsace-Lorraine, Strasbourg a été annexée par l’Allemagne après la guerre de 1870-1871. Cette défaite entraîna la naissance d’un profond sentiment anti-allemand très profond en France. Cette haine va s’intensifier durant la période coloniale avec les conflits d’intérêts entre ces deux puissances au Maroc (Coup de Tanger). Les Allemands bombardent la Cathédrale Notre-Dame de Reims, lieu des Rois de France afin de saper et de briser le moral français. Le paroxysme viendra avec l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie d’Hitler suite à la défaite du Maréchal Pétain. Elle sera donc humiliée, rabaissée et déshonorée par l’Allemagne durant deux longues années.
Toutefois lorsque viendra l’heure de s’unir pour créer la Communauté Européenne pour le Charbon et l’Acier, afin de faciliter la libre circulation des marchandises, ces deux pays décideront de taire leur rivalité et dissension. Et dès 1949, c’est Strasbourg qui sera choisie pour accueillir les premières institutions européennes. Vous me demanderez sans doute pourquoi tout ce détour historique, il vise tout simplement à montrer que deux nations, supposées se détester mutuellement, ont cependant réussi à panser leurs plaies et à fédérer leurs efforts pour favoriser la création de l’Union Européenne.
Cependant, qu’en est-il de l’Afrique ?
Notre continent reste toujours le théâtre de nombreux conflits frontaliers. Et souvent, les parties prenantes ignorent les véritables soubassements de ces conflits. Cela a pour effet, de freiner considérablement la marche vers une Union Africaine (véritable). Car l’institution que nous possédons actuellement n’a pas les mains libres et dépend grandement de l’Union Européenne qui en est le principal actionnaire. Or nous savons que la main qui donne est… !!!
La péninsule de Bakassi, depuis 1994 est le champ de bataille entre les armées camerounaises et nigérianes à cause de la richesse du territoire en Gaz et pétrole. Bien que la Cour Internationale de Justice de Laye ait tranché le conflit en faveur du Cameroun, des attentats et mouvement de revendication persistent jusqu’à aujourd’hui. La Guinée depuis le 08 octobre 2013 a fermé ses frontières d’avec le Cameroun et le Gabon. Parfois l’opposition idéologique de certains Etats voisins trouve son terrain d’application dans les contentieux frontaliers : c’est le cas entre le Mali et le Burkina Faso en 1974 et 1985, l’Ouganda et la Tanzanie en 1978-1979, le Tchad et la Lybie de 1973-1994. Ou encore entre le Maroc et l’Algérie en 1963.
Les principaux perdants dans ces conflits sont les combattants qui meurent en agrandissant la masse des veuves et des orphelins victimes de guerre. Au Cameroun, les plus valeureux reçoivent des discours grandiloquents lors de cérémonies funèbres. Mais après ? Rien… Aucune stèle, aucun lieu de mémoire pour commémorer ces héros, tombés par amour pour leur Patrie (certains !).
La France et l’Allemagne, auparavant de grandes ennemies, forment aujourd’hui le couple franco-allemand. Il s’en faut même d’un peu pour que François Hollande embrasse Angela Merkel.
L’intégration africaine en marche depuis des décennies demeure encore frêle et davantage un discours politique qu’une réalité sociale. Quand les dirigeants africains cesseront-ils de ne voir que leurs différences ? Quand décideront-ils de taire leur égo, à panser les blessures du passer pour fédérer leur effort à travers des programmes de coopération bilatéraux profitables à leurs pays ? mettre de coté leur intérêt personnel pour privilégier le collectif ? A quand la venue d’une veritable Union Africaine ?