Comment j’ai créé ma première entreprise ? (Part 1)

Hum ! Attention ! Je sais qu’à la lecture de ce titre, tu t’es empressé à cliquer sur le lien pour découvrir l’histoire d’un Serial Entrepreneur blindé qui possède une longue expérience en entrepreneuriat. Tu es surement impatient de voir les difficultés auxquelles il a été confronté, découvrir comment il les a surmonté afin que cela te serve de source d’inspiration ou de motivation pour t’encourager à te lancer ou à persévérer dans cette merveilleuse aventure périlleuse qu’est l’entrepreneuriat. Si tel fut ta principale motivation en cliquant, tu risques peut-être d’être déçu. Mais, c’est mieux de lire jusqu’à la fin pour te construire une idée : on ne sait jamais 😊. Le récit de la création de ma première entreprise, le Centre de formation Apprendre Pour Comprendre (APC) est en effet le fruit d’une double frustration : l’une académique, l’autre familiale. Ici je ne parlerai que du contexte familial, qui m’a poussé à développer ma vision entrepreneuriale. Je dis poussé parce que je ne l’aurais surement pas fait dans des conditions de vie ordinaire.

Commençons par un petit flashback…

Lorsque j’ai obtenu mon BAC A4 Espagnol au Lycée Bilingue de Bonabéri, je décide de quitter ma région natale pour aller me « cacher » à l’Ouest du pays, dans la ville estudiantine de Dschang. En prenant cette décision, je désirais me retrouver dans un cadre où je pourrais consacrer plus de temps à mes études. La ville de Douala et principalement le quartier populaire de MAMBANDA où j’avais grandi était trop « mouvementé » : le sexe, l’alcool, la délinquance juvénile et le banditisme y atteignaient un seuil inégalé. Immergé dans ce milieu depuis le secondaire, il fallait être très consciencieux et surtout avoir la Grâce divine sur soi pour ne pas se retrouver au sein des multiples gangs de voyous qu’on retrouvait au mètre carré. Et ce fut donc un véritable miracle pour moi que de quitter Mambanda sans être papa.

En partant, je laissais tout derrière moi : amis, camarades, famille, confort… Je quittais ce quartier dont les expériences ont façonné l’Homme que je suis aujourd’hui. Je quittais tout ! Pour entamer une nouvelle aventure dans une ville à l’autre bout du pays, réputée pour son climat « glacial », et dans laquelle je ne connaissais personne : aucun ami, aucun membre proche ou éloigné de la famille… Rien ! Bref j’allais démarrer une nouvelle vie, écrire de nouvelles pages de mon histoire, un détour sur mon parcours…

L’Exil salutaire…

En « exil académique » à Dschang, je me sentais plus confiant car loin des pratiques “mondaines” de Douala. A Mambanda, le rythme de vie était à cent à l’heure! Même sans le vouloir, on se retrouvait facilement dans l’ambiance. Or à l’époque ou j’arrive à Dschang, c’est tout le contraire, il fallait vraiment faire des efforts pour se divertir ou se faire plaisir. Les lieux de jouissance comme les Bars, Night-Club, Hotels et autres évènements récréatifs n’y étaient point à profusion.

A la salle de lecture de l'alliance franco-camerounaise @2010
A la salle de lecture de l’alliance franco-camerounaise @2010

Pour chasser l’ennui, je m’arrêtais au retour du campus, à la médiathèque de l’Alliance Franco-Camerounaise. Déjà fan de lecture depuis le collège, c’est ici que le livre deviendra une vivre qui m’énivre. Je m’étais lancé comme défi personnel de lire au moins un auteur parmi ceux indiqués dans la bibliographie des cours de nos enseignants universitaires. Ces recherches supplémentaires me permirent de mieux comprendre certains faits et ainsi de pouvoir aider gratuitement d’autres étudiants dans la compréhension des différents cours inscrits au programme.

C’est ainsi que se formèrent de petits groupuscules d’intérêt académique et ma voix, au départ écouté, finit par faire autorité. Des camarades venaient vers moi pour trancher ou élucider certains dilemmes épistémiques. Et au fil du temps, je finis par ressentir un certain plaisir à jouer ce rôle de médiateur des savoirs. J’étais heureux de pouvoir aider des personnes à mieux comprendre les cours puis les valider. C’était un véritable privilège pour moi que de pouvoir le faire et c’était TOUJOURS Gratuit, sans aucune conditionnalité, même pour les filles. Au terme de ma première année, j’organisais ainsi de petites rencontres informelles à domicile où nous travaillons sur toutes les disciplines dans lesquelles j’avais des connaissances solides.

Les prémices d’Apprendre pour Comprendre en 2011

Je devins très vite un leader académique, et la plupart me classait dans la catégorie des « Jean Ecole » : ces personnes passionnées par les études et s’y dédiant corps et âme, reléguant parfois au second plan certains plaisirs et jouissances pour se consacrer aux études. Et insidieusement, la façon dont la société nous perçoit affecte notre manière d’être. Conscient des attentes sociales – surtout celles de mes camarades dans mon environnement immédiat – je me fixais donc pour objectif d’être toujours à la hauteur des attentes et aussi de diversifier mon champ de connaissance.

Séance de travail avec mes amis en 2011
Séance de travail avec des étudiants en 2011 sur la pelouse de la FLSH – Dschang

Au terme de la première année, une quinzaine d’étudiants ont ainsi pu progresser au niveau supérieur grâce à mon soutien direct. Pendant ma deuxième année de licence, mon cercle d’influence s’élargit et c’est environ une quarantaine d’étudiant(e)s que « j’ai aidé » à avancer au niveau supérieur. Il m’était même arrivé une fois qu’au lieu de retourner à MAMBANDA après les sessions d’examen, je décidais de demeurer à Dschang, car de très nombreux camarades étaient dans des situations critiques et risquaient de reprendre le niveau.

J’y suis donc resté pendant deux semaines, n’ayant aucune matière à « rattraper » mais juste pour pouvoir travailler et renforcer les compétences académiques des étudiants. Evidemment, comme susmentionné, tout cela était 100% gratis car j’ai toujours pensé que servir autrui était un privilège et un honneur qui perdait son essence véritable si on en venait à le monétiser. L’intelligence est un don de Dieu. Pouvoir partager mes connaissances en toute aisance et sans complaisance, était donc un moyen de rendre Grâce à Dieu, détenteur des savoirs.

Cependant, un incident survint et changera non pas ma vision des choses mais mon regard. Mais avant de m’y pencher, s’il y’a un élément à retenir de ce premier épisode c’est qu’il est important d’investir sur soi-même mais aussi sur les autres. Les idées de création d’entreprise sont nombreuses. Chaque problème que vous identifiez dans votre communauté peut se transformer en entreprise si vous trouver le moyen de le résoudre. Tout service bénévole ou gratuit que vous rendez aux autres est une semence sur votre destinée. Et une Loi naturelle d’inspiration divine dit qu’on sème ce qu’on récolte. Aussi, ne réchignez jamais à toujours faire du bien autour de vous et à servir votre prochain. Car  c’est de lui que dépend une partie de notre bonheur et c’est grace à autrui qu’on peut entreprendre et comprendre sa vie…

3 thoughts on “Comment j’ai créé ma première entreprise ? (Part 1)”

  1. Un texte poignant et écrit dans les normes avec un petit bémol sur comment on percevait la formation donnée gratuitement “même aux filles” loin de poser un questionnement sur l’insistance de ce passage; je m’en vais le positiver et dire que les filles étaient naturellement intelligentes et que tous étaient surpris de suivre des explications supplémentaires par le génie que tu es. Bravo cher Camarade

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  2. Bonsoir Chère Chantal,
    Merci pour l’intérêt que tu as porté au présent billet.
    S’agissant de la mention “Même aux filles”, il ne s’agit point pour moi de remettre en cause l’intelligence des femmes ici, déjà qu’il a été scientifiquement prouvé qu’en moyenne le quotient intellectuel des femmes est supérieur à celui des hommes. Lorsque je dis donc “gratuitement même aux filles”, c’est par rapport au contexte universitaire où de très nombreux formateurs profitent de leur position pour avoir des relations pas très catholiques avec les femmes. Autrement dit, certaines femmes se servaient de leur corps, volontairement ou non, pour monnayer les séances de répétitions qu’elles recevaient, surtout lorsqu’elles n’avaient pas les moyens de payer.

    En insistant donc, sur “même aux filles”, je veux tout simplement montrer que je ne prenait point part à ces pratiques là. Mes valeurs éthiques et chrétiennes m’en empêchent. L’intelligence est un don de Dieu, donc pouvoir partager le peu que j’ai ou sais avec les autres, a toujours été naturel pour moi. Il y’a plus de plaisir à partager (gratuitement) qu’à recevoir.

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