Voilà deux années déjà que je vis en Égypte. Un pays qui pourtant n’était qu’une destination imaginaire pour moi. Je reviens dans ces lignes nostalgiques sur le début de l’aventure…
Au départ était le rêve…
Depuis ma tendre enfance (pas si tendre que ça hein !), j’ai entendu parler de l’Égypte comme étant le berceau de la Civilisation, le pays où tout avait commencé. Je revois mes yeux pleins d’émerveillement lorsque ma maitresse, Mme Awa, nous décrivait la majestuosité des pyramides qui à elles seules témoignaient de l’ingéniosité, la puissance et la gloire de leur concepteurs : les pharaons.
De tous les pharaons dont j’avais écouté les récits, celui que ma mémoire avait conservé était Ramsès II. Pourquoi ? Mon maitre nous avait appris qu’il était réputé pour être l’un des plus grands guerriers et conquérants des pharaons. Mais il ne nous révéla point qu’il était aussi très puissant et efficace puisqu’il a eu environ 126 enfants avec d’innombrables concubines et plus d’une douzaine d’épouses dont Néfertari, sa préférée ! Enfant, je me demandais comment il procédait pour satisfaire un harem de femmes aussi important sans succomber ! Je m’amusais souvent à compter le nombre de « match » qu’il avait dû livrer pour marquer autant de buts dans sa carrière royale. C’est à l’université que j’appris que son règne fut d’une exceptionnelle durée (66 ans) et qu’il mourut à 91 ans. Enfant, j’avais déduit qu’une intense activité sexuelle permettait de vivre très longtemps et je m’étais résolu à en faire autant. Mais… !
De toutes les pyramides, seule celle de Khéops était restée gravée dans mon esprit. On me l’avait décrite comme la plus grande des pyramides de Gizeh et l’une des sept merveilles du monde de l’Antiquité à avoir survécu jusqu’à nos jours. Je me souviens de cette pléthore de documentaires sur l’égyptologie et l’égyptomanie que je dévorais. On y décrivait la pyramide de Khéops comme la construction humaine de tous les records : la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. On y parlait du Phare d’Alexandrie, la septième merveille du monde, qui a servi de guide aux marins pendant près de 17 siècles. On y parlait de la Bibliotheca Alexandrina, la plus célèbre des bibliothèques de l’Antiquité et l’une des plus importantes aujourd’hui. Cette importance historique et culturelle faisait de l’Égypte, une des destinations touristiques les plus prisées pour les touristes fortunés du monde entier !
Or, j’étais loin d’être fortuné à l’époque. Je le suis encore d’ailleurs ! Mon tourisme, je le réalisais dans mes rêves avec la puissance de mon imaginaire. Je voyageais sans décoller mais le soleil récalcitrant de Douala me ramenait très vite à la réalité.
Puis le rêve devint réalité …
Cela serait demeuré un rêve si la Grâce divine n’avait soufflé sur le “misérable” homme que j’étais : j’obtins une bourse complète de l’OIF pour poursuivre un nouveau master en Développement à l’Université Senghor d’Alexandrie ! Waouh ! Je ne pouvais rêver mieux ! Un fantasme d’enfant se concrétisait enfin !
Inquiets étaient ma famille et mes proches :
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Comment vivras tu dans ce pays musulman alors que tu viens à peine d’entrer dans la famille chrétienne, s’interrogeait ma mère (je m’étais baptisé un mois avant mon départ).
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Il faudra y être extrêmement prudent et surtout éviter les femmes égyptiennes. J’ai appris qu’elles sont très belles et ravissantes. Mais tu dois t’en éloigner car les hommes arabes ne blaguent pas avec leurs filles et femmes… me conseillait mon papa.
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Céé… il faut faire attention oh ! J’ai très peur surtout avec les attaques terroristes qu’on voit à la télé chaque jour. Mais je prierai Dieu de te protéger et de t’accompagner ! se lamentait ma sœur.
Candide, je ne m’inquiétais point ! Assez bizarrement, j’étais très enthousiaste et excité de me retrouver en Égypte, la Terre des Pharaons.
Égypte : j’y suis allé, j’ai vu et j’ai vécu...
J’ai vu et contemplé la splendeur immortelle des pyramides d’Égypte. J’ai vu puis suis tombé sous le charme de la beauté des femmes égyptiennes. J’ai vu et travaillé au sein même de la mythique Bibliotheca Alexandrina. J’ai vu et admiré les temples de Louxor, le tombeau de Toutankhamon… J’ai arpenté les ruelles bondées d’Alexandrie et du Caire. J’y ai vécu de merveilleuses aventures avec ma famille senghorienne ! Durant deux belles années : nous étudions ensemble, mangions ensemble, dansions ensemble, avons pleuré et même « enfanté » ensemble… J’y ai vécu d’inoubliables moments avec mes amies égyptiennes, mes collègues et amis de la SAOS, mes élèves du CAF…
Entre fiction et réalité…
J’ai pu y mesurer les limites des stéréotypes. L’image de l’Égypte véhiculée par les médias est loin d’être la bonne. Les Égyptiens sont loin d’être des terroristes ni des extrémistes violents : chrétiens et musulmans y vivent généralement en paix ! Les attentats ou actes de violence qui y sont perpétrés ne sont que des voiles idéologiques, des manipulations à des fins politiques, qui affectent sérieusement l’économie et le bien-être social et mental de la population. Les Égyptiens ne sont pas non plus des anges : je le reconnais ! Assez conservateurs, ils défendent et préservent farouchement l’héritage de la culture arabe ! Assez colériques, ils se battent cependant assez rarement. Très capitalistes, ils ne dorment jamais de crainte de perdre un client : la plupart des centres commerciaux ou boutiques y sont ouverts 24h/24. Là-bas, on regarde seulement les femmes sans toucher, du moins pas en public, à moins que ce ne soit ta fiancée ! Sinon…
A l’aube d’une nouvelle aventure…
Ces souvenirs jaillissent comme des flots dans mon esprit. Les mots sont insuffisants pour saisir et décrire tous ces moments de folies, ces instants de délire, ces fous rires et ces rires fous. Peu importe les obstacles auxquels vous êtes confrontés dans la vie, n’arrêtez jamais de rêver ! Le rêve est la substance même de la vie ! C’est l’époux de Mme La Réalité ! Rien de grand dans ce monde n’a été réalisé sans avoir été rêvé ! Ce qui était impossible hier est possible aujourd’hui. La science-fiction est là pour nous faire rêver mais seul le travail méthodique et la prière rendent la fiction réalité. Soyez de grands rêveurs : rêvez grand puis travaillez avec acharnement pour donner corps et vie à vos rêves. La chance n’existe qu’à ceux qui osent et bossent. Pensez différemment, agissez différemment et vous verrez vos rêves se métamorphoser. L’Égypte n’est plus un rêve mais une réalité. Mais il m’a fallu de nombreux sacrifices et privations afin d’avoir les performances académiques et professionnelles
Après la jouissance de mon fantasme égyptien, je ne peux que dire MERCI à l’Eternel Dieu des Armées ! Celui par qui tout cela a été rendu possible : qui m’a gardé et protégé durant mes nombreux périples. Le nouveau se déroulera au Ghana : j’y ai été invité dans le cadre du Young African Leadership Initiative, un programme initié par Barack Obama pour renforcer les compétences entrepreneuriales et en leadership des jeunes Africains. Un nouvel épisode de mon aventure s’ouvre : restez branchés !
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