L’histoire de Nadia (2) : dilemme d’une grossesse, entre frayeur et douleur

La conception est une période de la vie à laquelle se prépare toute femme. Porter et donner la vie, est l’un des plus grands mystères de l’existence et aucun calendrier n’abrègera la durée d’une grossesse. Fruit de l’union entre deux corps, la grossesse est une période d’allégresse ou de stress intense selon les conditions de conception. Lorsque planifié, c’est l’enthousiasme qui précède l’arrivée d’un bébé dans une famille. Lorsqu’accidentel, et c’est le cas pour la majorité des premières grossesses, la venue du bébé est précédée par de l’anxiété. Les filles craignent beaucoup ce moment fatidique où elles doivent révéler leur « secret » et l’identité du géniteur auprès de leurs parents. Certaines, par crainte de la foudre paternelle, prennent la douloureuse et dangereuse décision d’avorter : de stopper le train de vie de cet être innocent en conception.

Le regard d’un père indigne

Le regard paternel et la réaction familiale sont les plus grandes frayeurs.

Comment papa réagira-t-il s’il apprenait que j’étais enceinte, après toutes les mises en garde et les conseils qu’il n’a cessé de me prodiguer et répéter ?
Quel accueil réservera-t-on à mon bébé ?
Qu’adviendra-t-il de mes études ?
Mon copain leur plaira-t-il ?

Ce dilemme est celui auquel se confronte toutes les filles-mères, mais celui de Nadia était plus différent: depuis ses 11 ans, elle était involontairement soumise aux rapports sexuels avec son géniteur. Sous les menaces de ce dernier, elle gardait le silence du calvaire psychopathologique qu’elle endurait.

D’ailleurs, la croirait-on ?
N’est-t-elle pas aussi responsable ou complice pour avoir gardé le silence aussi longtemps ?
Quelle sera la réaction de Bernadette, cette mère qui se sacrifiait au quotidien pour leur avenir ?
Une fille enceinte de son « père » a-t-elle encore un avenir ?

Grossesse Nadia-2-Photo by NGPhotos via Iwaria
Photo par NGPhotos via Iwaria

Mon père, mon héros était désormais mon bourreau

Un instant, Nadia se dit que la meilleure solution serait le suicide. Ainsi, ils ne trouveront personne à blâmer se disait-elle. Je ne veux point accoucher le fruit d’une relation incestueuse : est-ce normal d’avoir le même père que son enfant ?

« Je n’ai jamais ressenti autant de douleur dans ma vie. J’étais complètement déchirée, déboussolée et trahie. Les premiers mois, j’ai cru que je n’arriverai pas à vivre avec cela. J’ai même pensé mettre un terme à ma vie. Mon père, mon héros était désormais mon bourreau. Je croyais vivre un cauchemar nollywoodien dont j’allais sous peu me réveiller. Je fermais les yeux, puis les rouvraient, espérant me relever d’un profond sommeil. Mais rien : la réalité, triste et accablante était implacable: j’étais enceinte de mon père », me confia-t-elle, après que sa grossesse fut découverte.

Comment la soutenir ?

Au départ, moi, je me sentis mal à l’aise puis peu à peu le malaise céda la place à une sourde et profonde colère que je ne pouvais réprimer. Sans savoir pourquoi, je m’en voulais, j’en voulais à ce monstre de père, j’en voulais au système, j’en voulais au monde. Je me sentais impuissant. Il y’a des moments de la vie où on aimerait avoir des super pouvoirs tels ceux de Hiro Nakamura qui m’auraient permis de remonter dans le temps empêcher cet acte contre nature. J’aurais averti Bernadette de ne point envoyer sa fille chez son père.

Seulement, m’aurait-elle crue ?
Comment pouvait-elle s’imaginer que pareille chose puisse survenir ?
Comment concevoir que son ex-époux serait capable de poser un regard autre que paternel, un regard sexuel et charnel sur sa pauvre petite fille Nadia ?

Celle pour qui, elle se donnait tant de mal, se battant au quotidien pour leur assurer un avenir meilleur. Je réalisais soudainement qu’il aurait été impossible, même à Hiro Nakamura de prévenir cet acte parce qu’imprévisible dans la plupart des cas. Seule une aptitude télépathique aurait pu me permettre de voir les idées perverses de cet être sans cœur.

Ce qu’un père peut faire de plus important pour ses enfants, c’est d’aimer leur mère

Théodore Hesburgh.

Mais qu’advient-il lorsqu’un père désire sa fille ou lorsqu’une mère développe bien plus que de l’amour maternel pour son fils ?

D’aucuns diront que c’est le monde à l’envers. Les normes et valeurs changent tous les jours. Sous le prétexte de la liberté et des droits, des phénomènes comme le mariage homosexuel sont de plus en plus légitimés et tolérés. Mais peut-on et doit-on tolérer à un père qui viole consciencieusement sa fille ? D’autres diront qu’il s’agit de troubles psychopathologiques voire d’obligations sectaires. L’acte sexuel devenant ainsi un rite initiatique et cultuel permettant au bourreau d’accéder et de jouir à des richesses et privilèges plus considérables. Seulement peut-on monétiser le bonheur ? L’argent n’achète jamais tout et le bonheur voire l’avenir en font partir.

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2 thoughts on “L’histoire de Nadia (2) : dilemme d’une grossesse, entre frayeur et douleur”

    • Tu l’as dit: soyons vigilant ! Et surtout n’hésitons pas à dénoncer ces pratiques malsaines que les familles tentent, souvent, tant bien que mal de couvrir. Au détriment du bien être psychologique de la victime !

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