Les voitures-volantes : de la science-fiction devenue une réalité pour une meilleure mobilité urbaine.

Et si l’avenir du transport urbain se trouvait dans le ciel, comme dans Blade Runner ?

Apparue au début du dix-neuvième siècle, la science-fiction (SF) a accompagné les révolutions industrielles et technologiques, en repoussant les limites imaginaires de l’innovation[1]. Si Jules Verne fut un des pères fondateurs de la science-fiction, c’est un Américain d’origine luxembourgeoise, Hugo Gernsback, qui est souvent désigné comme l’inventeur du terme[2]. La SF présente souvent le futur de l’Humanité dans des récits parfois utilisés comme des éléments de prospective par les organisations, notamment dans les centres de R&D où on purge la SF de ses éventuels défauts. Le biologiste Miroslav Radman, co-auteur de Au-delà de nos limites biologiques voit la science-fiction comme « une simulation mentale du futur », qui permet « de se préparer émotivement et intellectuellement au changement[3] ». Elle annonce et accompagne les grandes tendances et révolutions économiques, politiques et technologiques. Et l’avènement des voitures-volantes, en est la confirmation.

Dans les années 50, lorsque naissait l’automobile, une vague d’excitation, d’engouement et d’enthousiasme avait secoué le monde. Malgré l’impact positif qu’a apporté l’automobile, on n’a pas tardé à se rendre compte de ses tares, notamment les bouchons ou la pollution de l’environnement. A partir des années 90, la littérature et le cinéma ont commencé à projeter des imaginaires où des voitures volantes révolutionnaient les transports, en passant de la saturation horizontale à une liberté verticale. Ce futur inspiré de la science-fiction a nourri les imaginaires et contribué à des innovation technologiques. On comprend donc pourquoi Albert Einstein déclarait jadis que : « L’imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, tandis que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution ». Cette évolution désormais contemporaine est portée par quelques entreprises majoritairement européennes et américaines comme Airbus, Uber, A3. Ces dernières ont développé des prototypes de voitures volantes qui sont déjà opérationnelles et certaines ont même entamé des services pour le privé. La suite de notre article présentera comment cela révolutionnera la mobilité urbaine et à moindre coût.

La voiture volante, une solution aux bouchons et à la congestion humaine

Imaginez-vous un instant englué, pendant 4 heures dans un embouteillage routier sous la canicule. Vous avez une réunion de haute importance à laquelle vous devez participer à l’autre bout de la ville. Ou alors, vous retournez tout simplement à votre domicile, après une longue journée épuisante au travail. La canicule, impitoyable vous mitraille et vous commencez à avoir l’impression que même la climatisation (si jamais il y’en a) de votre véhicule, ne parvient pas à étouffer la chaleur. Les concerts sonores et tintamarresques des klaxons de chauffeurs énervés et exaspérés, vous irritent et vous êtes sur le point de craquer. A cet instant, vous donneriez tout pour pouvoir sortir de cette situation, mais votre esprit vous rappelle que c’est « impossible ». Sous d’autres cieux pourtant, notamment au Nigéria où un politicien nigérian envoie un hélicoptère récupérer sa petite amie, l’actrice Régina Daniels, qui était coincée dans les bouchons pendant plusieurs heures sur l’axe routier Lagos – Benin.

https://www.youtube.com/watch?v=UFcthb0oSiU

Mais puisque vous n’êtes point milliardaires, vous pensez ne pouvoir vous offrir ce « luxe ». alors, détrompez-vous ! Car l’impossible est désormais possible. Ce qui était un luxe est désormais accessible grâce aux voitures volantes, lesquels vous donneront une plus grande liberté individuelle dans vos mouvements, vous permettant d’aller où vous voulez et quand vous le voulez. Comme le défend Rodin Lyasoff, directeur exécutif de A³ – satellite d’Airbus pour tout ce qui se veut innovant – dans sa présentation TEDx.  Dans cette dernière, il présente le modèle Vahana, un taxi volant électrique qui peut être commandé via une application dédiée et atterrir sur des vertiports[4] (vertical + port). Il s’agit là d’un modèle plus performant que le Lilium Jet, une autre voiture volante crée en 2017.

https://vimeo.com/221950605

Lors d’un test d’essai réalisé le 31 Janvier 2019, ce robot-taxi s’était envolé à environ 5 m de haut. Malgré cette performance réussie, il faudra tout de même attendre des perfectionnements et des changements législatifs pour la commercialisation de ce que d’aucuns considèrent comme « Le Uber du Futur ». Eric Allison, le responsable de la division Uber Elevate a d’ailleurs annoncé la commercialisation de ces taxi volants en 2023[5], à Los Angeles et à Dallas, deux grandes agglomérations américaines minées par les embouteillages.  Et le projet CityAirbus est également en cours d’affinage pour une variante manuellement pilotée.

Pourquoi utiliser des voitures volantes alors qu’il existe des hélicoptères ?

«Le coût, mais aussi le bruit. Le bruit de l’engin doit s’intégrer dans le bruit de fond de la ville», et cela nécessite une nouvelle technologie, notamment des hélices plus petites et une propulsion électrique », répond M. Thacker, responsable de l’innovation chez Bell. « Nous pensons pouvoir rendre ces appareils bien plus silencieux en redessinant les rotors ou en modifiant leur vitesse de rotation » ajoute Eric Allison, le responsable de la division Uber Elevate. En effet, rappelons qu’à São Paulo — où l’hélicoptère est utilisé depuis longtemps par les navetteurs brésiliens fortunés —, un service de taxi héliporté à bas tarif, Voom, avait déjà vu le jour, en juillet 2017.

Les avions n’auront bientôt plus le monopole du ciel. Ils devront cohabiter avec des nuées de modèles réduits : des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux aux drones et applications commerciales dans la supervision, la livraison et même le transport de personnes, en plus de ceux des particuliers qui en ont une utilisation ludique. D’où la nécessité de réorganiser le ciel. C’est pourquoi les régulateurs planchent actuellement sur des réformes de leur sécurité aérienne dans de nombreux pays. Notre prochain article analysera plus en profondeur ces enjeux règlementaires, sécuritaires et environnementaux.

 

Notes et références


[1] Thomas Michaud, ‘La dimension imaginaire de l’innovation : l’influence de la science-fiction sur la construction du cyberespace’, Innovations n° 44, no. 2 (18 April 2014): 213–33.

[2] Gary Westfahl, Hugo Gernsback and the Century of Science Fiction, vol. 5 (McFarland, 2007).

[3] Le Point magazine, ‘La science-fiction, un divertissement qui est aussi outil de réflexion’, Le Point, 19 December 2012, https://www.lepoint.fr/culture/la-science-fiction-un-divertissement-qui-est-aussi-outil-de-reflexion-19-12-2012-1603981_3.php.

[4] Le Groupe ADP a annoncé un partenariat avec la RATP et Airbus pour le développement d’une solution agnostique capable d’accueillir différents types de taxis-volants. Il s’agit d’un vertiport à plateaux mobiles, se déplaçant et permettant donc d’embarquer ou de débarquer des voyageurs tout en accueillant d’autres véhicules en même temps. https://www.adp-i.com/fr/actualites-evenements/le-groupe-adp-va-concevoir-et-construire-des-vertiports-pour-accueillir-les

[5] Jérôme Marin, ‘« Dans dix ans, les taxis volants seront présents dans de nombreuses villes »’, Silicon 2.0, accessed 15 July 2019, https://siliconvalley.blog.lemonde.fr/2018/05/12/dans-dix-ans-les-taxis-volants-seront-presents-dans-de-nombreuses-villes/.

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