Nadia Photo by Pablo via Iwaria

L’histoire de Nadia (1): une fleur au grand cœur avec un corps meurtri !

« Ce qui s’est passé, doit rester entre nous. Ce sera notre secret : entre un père et sa fille. Tu es ma fille, en toi j’ai mis ma confiance, fais-moi également confiance car ce que fais, c’est pour ton bien ! Je dois te préparer à ta future vie de femme ! Une femme, c’est le ventre et le bas ventre. Ta maman le sait bien et je me devais également de te l’apprendre. Seulement, tu ne dois jamais le dire à personne, même à ta mère. Je sais que tu l’aimes beaucoup et si par malchance, si par malheur, tu en parlais à quiconque, saches que tu en assumeras les conséquences. J’arrêterai immédiatement de financer les études de Joel, Martine et Géraldine. Ta mère ne recevra plus d’allocation mensuelle, l’argent que je lui envoie pour payer le loyer, votre nutrition et son fonds de commerce sera suspendu. Et je vous enverrai vivre au village où tu sais, l’école est à 6 km et tu n’y trouveras plus tes amies que tu as ici ». Ces paroles, il les lui répétait après chaque séance d’ « éducation sexuelle ». Nadia en tant qu’ainée ne pouvait se confier auprès de ses cadets, trop jeune pour comprendre quelque chose qu’elle-même avait du mal à comprendre, quelque chose qu’elle avait du mal à intégrer malgré toute l’intelligence dont elle était nantie. Elle avait des cousines et des tantes, mais ces dernières ne rendaient presque jamais visite à sa maman, parce que très pauvre et résidant dans un quartier populaire. Sa mère était la seule chez qui elle pouvait se confier.

Afropolitanis_Christian Elongue

Quand le monde devient immonde…

Y’a des moments où on a honte de son pays ! 

Comment concevoir qu’en plein 21ème siècle, des femmes puissent encore mourir dans des hôpitaux publics, en présence de médecins, tout simplement parce qu’elles ne possèdent pas les fonds pour payer leurs soins ? Imaginez le désespoir de cette femme qui voit sa sœur agoniser sous ses yeux? Imaginez la peur et la terreur qui l’habite, alors qu’elle observe la vie s’échapper silencieusement de sa sœur venue donner la vie? Est-ce que c’est cette terreur qui l’a dynamitée, l’a métamorphosée et l’a hypnotisée au point de se mettre à opérer sa tante à l’aide d’une lame ? Imaginez la douleur de Monique, déjà inconsciente, alors qu’elle était déchirée par une lame, au bout de la main tremblante de sa nièce ?

Imaginez la douleur lancinante qui frappa cette nièce de voir sa tante et ces deux bébés innocents mourir sous ses yeux ? Est-ce un crime d’être pauvre ? Choisis-t-on de naître dans une famille pauvre ou dans une famille nantie ? L’humanisme a-t-il disparu de nos sociétés, pour céder ainsi la place au matérialisme ? L’intérêt doit-il supplanter l’être ? Où sont passés les valeurs de solidarité et de partage reconnues par les cultures africaines ?  La société camerounaise et le monde en général sont-ils totalement pervertis ?

J’ai mal de savoir que l’argent a autant pris le dessus sur nos valeurs éthiques et morales. La vie est une valeur suprême et sa préservation n’a pas de prix. Que les médecins qui ont refusé de prendre soin de cette femme enceinte en détresse aient honte! Qu’ils soient même destitués de leur corps de métier, car la déontologie médicale ne permet pas ce genre de traitement. Ils ont trahi le serment d’Hippocrate pour devenir des HYPOCRITES !

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